Poisson rouge dans un bocal. WIDMANN/TPH/SIPA
INSOLITE - Un député UMP a posé une question écrite au ministre de l'Agriculture pour faire interdire les aquariums trop exigus...
Les poissons rouges sont malheureux et le député UMP du Territoire de Belfort, Michel Zumkeller, veut les défendre. En cause: les «boules aquariums», ces petits bocaux qui nuiraient au bien-être des poissons, si l’on en croit les associations de protection des animaux. Plusieurs pays ont déjà interdit leur commercialisation, et l’association One Voice milite pour que la législation française prenne en compte le traitement infligé aux poissons de compagnie.
Un député à la rescousse des poissons rouges
La question a dû surprendre au ministère de l’Agriculture: le 5 juillet dernier, Michel Zumkeller interrogeait le ministre Bruno Le Maire «sur les conditions de vie des poissons dans les boules aquariums». Une question motivée par les bonnes relations entretenues entre le député et les associations de pêcheurs sur sa circonscription, explique son assistante à 20 Minutes: «La Fédération aquatique nous a interpellé à ce sujet car nous travaillons au quotidien avec les associations locales, de pêcheurs, de chasseurs ou autres», explique Laëtitia Guilbert.
Michel Zumkeller a donc pris la plume pour défendre les poissons rouges: «À l'époque où le bien-être des animaux est un sujet plus que jamais à l'ordre du jour, pourquoi ces boules de verre «primitives» sont encore vendues couramment à des personnes qui n'ont aucune notion des conditions optimales nécessaires au maintien des poissons d'aquariums?», demande-t-il au ministère. Accusant l'absence de filtration et l’utilisation d'eau du robinet «souvent et malheureusement non déchlorée», le député souligne le risque de mort des poissons: «Au bout de quelques semaines, si les poissons ont survécu, le changement d’eau se fera uniquement lorsqu’elle deviendra nauséabonde ou lorsque les poissons piperont l'air en surface, preuve qu'il faut agir, s'il en est encore temps».
La vie de poisson rouge, un enfer qui se finit souvent dans la cuvette des toilettes
Face à cette question, le ministère de l’Agriculture a rappelé que la France est dotée, depuis 1976, «d'un dispositif législatif et réglementaire important en matière de protection animale» et que «la question des normes minimales exigibles pour assurer les impératifs biologiques des poissons destinés à l'agrément sera étudiée dans le cadre des concertations en cours sur les projets d'arrêtés ministériels relatifs à la protection des animaux de compagnie». La France va-t-elle vers une interdiction des petits bocaux, comme cela a été fait en Italie, en Allemagne ou aux Pays-Bas? «Nous-mêmes ne savons pas ce qu’il est possible de faire, nous attendons la réponse du ministère», confie Laëtitia Guilbert.
L’association One Voice rappelle pour sa part que le poisson rouge, «traité comme un simple objet d’agrément, voire de décoration», est «avant tout un être vivant qui a des besoins physiologiques et comportementaux. Le contraindre à vivre dans un bocal le condamne à une mort certaine et prématurée.» Empoisonné par ses propres «déchets organiques», asphyxié lentement par le manque d’oxygène et soumis à de forts écarts de température, le poisson rouge serait condamné à finir sa vie malade et stressé. Ou pire, «dans la cuvette des toilettes faute de soins et de connaissances sur sa véritable nature», dénonce l’association.
A.C.